MAHÂMUDRÂ, LE NOBLE GESTE
Par Boris Tatzky
Au sein des innombrables postures du Hatha-Yoga, quelques-unes d’entre-elles présentent un intérêt exceptionnel, notamment celles qui portent le nom de mudrâ (sceau). Elles ont la particularité de proposer des actions très efficaces sur le contrôle des énergies vitales du pratiquant et sur les processus d’acuité de la conscience.
C’est le cas de mahâmudrâ, dont le propos est de permettre, grâce à l’utilisation de certaines techniques de fixation mentale (bandha), de développer la concentration, d’accroître l’énergie vitale et l’équilibre intérieur. Cette posture est également présentée comme un moyen de réduire progressivement les tensions mentales et de faire ainsi émerger naturellement l’état de méditation
Ce terme vient de « mahâ », qui signifie « grand », « noble » et de « mudrâ » qui peut se traduire par « sceau », « geste », « signe » et aussi « matrice ».
Références aux textes
Cette posture est mentionnée dans les textes fondamentaux du Hatha-Yoga, notamment la Gheranda Samhita (III-1) et la Hatha-Yoga-Pradîpikâ (III-1).
Sa pratique requiert le contrôle conjoint des trois principales fixations de l’attention dans le corps : mûla bandha, la fixation du périnée, uddîyâna bandha, la fixation abdominale et jâlandhara bandha, la fixation de la gorge. Ces bandha doivent être associés à une parfaite maîtrise de la respiration. Grâce à cette synergie, il y a une amélioration de la circulation de l’énergie vitale, du bassin vers le cerveau, favorisant une vivacité de conscience en traversant l’alignement de tous les centres de l’énergie intérieure (chakra).
La technique
Elle doit être pratiquée avec la vérification d’un professeur.
Nous la présentons avec trois degrés progressifs de réalisation, invitant chacun à s’ajuster dans le degré qui lui conviendra le mieux, aussi bien au niveau du corps et du souffle que de la concentration.
1er degré : se stabiliser
Précision posturale et contrôle du souffle
Se positionner assis, les deux jambes tendues, allongées devant soi, écartées de la largeur d’un pied. Replier la jambe gauche dans son axe, amener le talon au périnée et laisser descendre le genou vers le sol. Si cette jambe pliée ne touche pas le sol, placer un coussin sous le genou. Replier très légèrement la jambe droite, en appui sur le talon, et saisir le dessous du genou avec les mains. Bras tendus, tirer les mains sous le genou vers soi pour redresser la colonne, menton rentré, et ouvrir la poitrine, épaules abaissées. Avancer progressivement les mains au niveau du tibia en gardant impérativement le dos plat, la colonne alignée, et rester immobile dans la posture. À chaque inspiration, repousser les ischions vers l’arrière, faire lentement entrer le souffle dans la poitrine, épaules abaissées, et grandir le buste. À chaque expiration, rentrer doucement l’abdomen en vérifiant l’essentiel de cette posture : conserver le dos parfaitement aligné. Cette posture sera naturellement tenue des deux côtés avec un nombre égal de respirations.
2e degré : se recentrer
Intégration des suspensions du souffle et de mûla bandha
Dans ce degré, on renforce la concentration par un contrôle du souffle plus élaboré, grâce à des apnées, tout en adjoignant la pratique de la fixation du périnée. Il faut avancer les bras tendus jusqu’à coiffer les orteils du pied droit avec la main droite. La main gauche se pose sur le poignet droit. Une fois installée, la posture devra être tenue rigoureusement immobile, tout en préservant intérieurement une détente infinie.
À chaque inspiration, remplir lentement la poitrine et demeurer attentif à toujours conserver la colonne bien alignée, la nuque allongée, le menton rentré, les épaules basses. Pratiquer une suspension du souffle à la fin de l’inspiration tout en rétractant doucement vers le haut le périnée et les sphincters de la zone génito-anale (mûla bandha). Pendant l’expiration, continuer de resserrer les sphincters, rentrer la sangle abdominale et étirer la colonne en repoussant le sol avec les ischions. Concentrer son attention dans la colonne vertébrale. Placer une suspension du souffle à la fin de l’expiration pendant laquelle il y aura le relâchement de mûla bandha.
Article complet à retrouver dans Yoga Journal N°11
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