Par Claude Maréchal
Tous les chemins mènent au yoga. Il suffit de trouver le sien.
L’esprit viniyoga pourrait se résumer en une phrase : « Ce n’est pas la personne qui doit s’adapter au yoga, mais le yoga qui doit s’adapter à la personne». Une phrase que répétait inlassablement Krishnamacharya au début du XXème siècle. Sa vision a fait mouche puisqu’aujourd’hui, plus personne ne conteste cette approche. A l’époque du célèbre maître yogi, le yoga était encore réservé à un nombre restreint, essentiellement des hommes, dévoués à la pratique en des lieux reculés. Le yoga commence à s’ouvrir à un plus grand nombre à partir des années 30, en Inde et ailleurs. Convaincus que le yoga doit être adapté à chacun, en tenant compte de sa culture et sa constitution physique, Krishnamacharya et son fils Desikachar ont formé à Madras un grand nombre d’élèves occidentaux. Ces derniers ont transmis leurs enseignements à partir des années 70 en Europe et en Amérique. Aujourd’hui, le viniyoga n’est pas une organisation, ni une école, ni un style de yoga. C’est une direction pour que le yoga porte tous ses fruits.
Aux sources de la pédagogie Viniyoga
Lignée des āchārya (maîtres spirituels)
IXème siècle
Cette lignée puise son origine au IXe siècle, dans l’enseignement de Nāthamuni, premier sage d’une grande lignée qui a consacré sa vie à l’étude et à la pratique du yoga. Ses enseignements ont été révélés à Krishnamacharya qui les a écrits dans le traité intitulé Yoga Rahasya.
Tirumalai Krishnamacharya
(1888-1989)
A cinq ans, Krishnamacharya reçoit le cordon sacré des brahmanes et son père l’initie au yoga et au sanskrit. A partir de 12 ans, il se forme à l’enseignement classique des brahmanes. A 25 ans, alors qu’il pratique quotidiennement le yoga, il part vivre au Tibet auprès d’un gourou de grande notoriété, Shri Ramamohan Brahmācāri. Pendant 7 ans, il réside au pied du mont Kailash avec la famille de son gourou, approfondit toutes les techniques corporelles, respiratoires et reçoit un enseignement complet des grands textes de référence du yoga. De retour en Inde, Krishnamacharya complète ses connaissances en āyurveda et dans de nombreuses autres disciplines traditionnelles. En 1925 il se marie et se consacre entièrement à la pratique et à l’enseignement du yoga. Il décède à Madras à l’âge de 101 ans.
Son héritage le plus grand est d’avoir su adapter le yoga à l’homme et à la femme d’aujourd’hui, au sein de la société moderne occidentale et indienne. Il est considéré comme l’un des pères du yoga contemporain.
T.K.V. Desikachar (1938 -)
Quatrième enfant de Krishnamacharya, T.K.V Desikachar est fasciné par l’extraordinaire connaissance de son père et la transformation de ses élèves Malgré sa formation d’ingénieur et les pressions familiales, il se réoriente vers le yoga. Elève privilégié de Krishnamacharya pendant 30 ans, il fonde en 1976 le Yoga Mandiram Krishnamacharya à Chennai (ex. Madras). Cet institut a été crée afin de partager et transmettre les aspects des enseignements de Krishnamacharya.
D’où vient le terme viniyoga ?
Le terme viniyoga appartient au yoga classique, c’est-a-dire qu’il tire sa source des textes fondamentaux. On le retrouve dans aphorisme 6 du chapitr III des Yoga-sūtras de Patañjali:
“tasya bhumishu viniyoga” (l’application – viniyoga – de cela – tasya – se fait par étapes en fonction des niveaux – bhumishu).
Traditionnellement associée à la méditation, depuis les années 1980 Krishnamacharya a élargi cette notion en l’appliquant également à la pratique des āsanas et du prānāyāma.
L’Enseignement aujourd’hui en Europe et en Amérique
Les enseignements de Desikachar – la pédagogie viniyoga, connue aussi sous le nom de yoga de Madras – se sont développés en Europe depuis les années 70. Il tenait à ce que le viniyoga ne soit pas présenté comme un nouveau style de yoga ou une école dont il aurait été le fondateur, mais comme une approche dans la pratique du yoga.
En 1983, naissait la revue Viniyoga en langue française.
Parmi les professeurs qui se sont formés avec lui: Claude Maréchal, François Lorin, Frans Moors, Laurence Maman, Simone Tempelhof-Moors, Bernard Bouanchaud, Peter Hersnack, Martyn Neal, Sylviane Gianina, Sophie Dreux, Dr N. Chandrasekaran, Rosemary Jeanes Antze …
Très belle journée, Namaste
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